Améliorer les capacités physiques dans une société sédentaire – un défi pour le XXIe siècle? Nikos Myttas pp 3-3 Dans un monde souffrant de modes de vie sédentaires, les capacités physiques restent un domaine de compétition biologiquement déterminé dans lequel les jeunes gens – en particulier les garçons – se mesurent les uns aux autres dès le plus jeune âge. Durant le deuxième semestre de sa vie, un enfant concentre la majeure partie de son attention sur ses mains et sa voix, mais ses capacités physiques sont très inférieures à celles du chimpanzé. Toutefois, avant l’âge d’un an, il aura franchi deux des étapes les plus primordiales du développement humain – à savoir, faire ses premiers pas sans être aidé, et prononcer ses premiers mots intelligibles. La bipédie, telle que pratiquée par l’être humain, est un phénomène unique dans l’évolution des mammifères, et est relativement précaire. L’enfant âgé d’un an, les jambes raides et les bras tendus sur les côtés, tape ses pieds à plat sur le sol, en laissant des empreintes qui sont loin d’être parallèles, et vacille avant de perdre l’équilibre et de tomber par terre. Ses bras sont plus courts que ses jambes, et il n’a pas encore développé l’instinct de les mettre devant lui pour protéger son visage lorsqu’il tombe. Heureusement, il ne se fait pas trop mal, puisqu’il est si petit, et ne tombe donc pas de très haut. L’envie irrésistible d’imiter les actes des adultes, de répondre aux encouragements de ses parents et d’attraper des objets qui sont hors de sa portée pousse l’enfant à persévérer pour essayer de se mettre debout et de marcher, malgré les châtiments répétés et douloureux qui suivent chaque chute.
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Le trouble de l’acquisition de la coordination dans le TDAH de l’enfant Ellen A Fliers pp 4-6 Les enfants atteints du TDAH sont, par définition, excessivement actifs, et ont aussi des problèmes pour se concentrer et contrôler leurs impulsions. Ils peuvent par ailleurs présenter une maladresse motrice. Cette analyse donne une mise à jour concernant la combinaison de problèmes moteurs et du TDAH, une comorbidité reconnue depuis pas mal de temps. Auparavant, les difficultés de ce type étaient classées sous la catégorie de « dysfonctionnement cérébral minime », un diagnostic générique pour les dysfonctionnements dans les domaines du comportement, de l’apprentissage et de la motricité. Les autres termes utilisés pour les déficits moteurs comorbides du TDAH sont notamment la dyspraxie, le « syndrome de l’enfant maladroit », le dysfonctionnement neurologique mineur, et, plus fréquemment, les DAMP (déficits de l’attention, du contrôle moteur et de la perception). De nos jours, on parle de trouble de l’acquisition de la coordination (TAC), pour lequel il existe une catégorie de symptômes dans le Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, DSM-IVTR). Toutefois, le TAC a reçu bien moins d’attention que le TDAH, tant dans les publications scientifiques que dans les médias.
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Vers une approche dimensionnelle : dépistage et diagnostic de groupes subcliniques Andrea Kóbor, Ádám Takács and Valéria Csépe pp 7-9 Les récentes études sur le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) soulèvent un grand nombre de questions, dont celle-ci : comment définissons-nous les sous-types et les groupes subcliniques de cette pathologie ? Le TDAH est une affection trop complexe et hétérogène pour attribuer tous les cas à deux catégories (« TDAH » ou « non TDAH »). Toutefois, il n’est pas possible de procéder à une division utile de tous les sous-types supposés de caractères similaires (mais pas identiques), que ce soit pour la pratique clinique ou les études taxonomiques. L’édition la plus récente du Manuel Statistique et Diagnostique des Troubles Mentaux, 4ème édition (DSM-IV-TR)2 décrit trois sous-types : le TDAH-I (principalement inattentif) ; le TDAH-HI (principalement hyperactif– impulsif); et le TDAH-C (combiné). Ces sous-types sont distingués à l’aide de deux dimensions basées sur les symptômes principaux (c’est-à-dire, le déficit de l’attention et le comportement hyperactif–impulsif). Toutefois, pour de nombreuses raisons, cette taxonomie ne peut pas représenter les incohérences graves diagnostiques et théoriques : la stabilité temporelle des sous-types est contestable ou pas entièrement connue, le diagnostic varie lorsque différentes méthodes sont utilisées pour combiner plusieurs informateurs, et il existe de nombreuses dimensions symptomatiques montrant différentes validités externes.
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La gestion de l’excitation et de l’agressivité dans le TDAH Sachin Sankar and Katie Miller pp 10-13 Le 6 août 2011, l’atmosphère habituellement paisible de Londres a été perturbée par des gangs de jeunes qui ont attaqué des commerces. Le lendemain, ces perturbations s’étaient propagées aux grandes villes de l’ensemble du pays et étaient immortalisées par le titre à la une du Daily Mirror « Tottenham riot leaves London burning » (Les émeutes de Tottenham laissent Londres en flammes). Comment faire face à un tel degré d’agressivité, et comment l’expliquer ? Tout d’abord, nous devons comprendre ce qu’est l’agressivité, quel est son rôle, et quelles sont les différentes formes qu’elle prend. Cet article examine les causes, les types et la prise en charge de l’agressivité dans un environnement d’urgence. Qu’est-ce que l’agressivité? Pour se faire une idée de ce que signifie l’agressivité et examiner ce qui la provoque, il est utile de consulter sa définition dans le dictionnaire (anglais) : « une action ou une procédure vigoureuse (sous la forme d’une attaque non provoquée), accompagnant en particulier une intention de dominer ou de maîtriser ; la pratique consistant à porter des attaques ou des intrusions, en particulier une violation non provoquée ; un comportement ou une perspective hostile, injurieux ou destructeur, provoqué en particulier par un état de frustration ». L’agressivité est un acte violent qui n’a pas d’élément déclenchant apparent. Elle a tendance à perturber les relations de pouvoir au sein de la famille ou de la société dans laquelle elle se produit, et est souvent empreinte de degrés élevés d’émotion, en particulier la culpabilité, provoquée par un doute lancinant que nous pourrions, d’une certaine façon, être la cause de cette agressivité.
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Le traitement du TDAH chez un enfant présentant un diabète sucré insulino-dépendant Sharafat Hussain and Fiona E Padgett pp 14-16 Cet article relate le cas d’un enfant présentant un diabète sucré insulino-dépendant (DID) et atteint du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), et les problèmes rencontrés pour la prise en charge de son TDAH. Tableau clinique du patient Dylan* est un jeune garçon de race blanche chez qui il a été diagnostiqué un DID à l’âge de 17 mois. Il a présenté des difficultés du comportement à partir de l’âge de 22 mois, et a reçu un diagnostic de TDAH à l’âge de 5 ans. Lorsqu’il a commencé l’école primaire, on le disait facilement distrait, agité, excitable et impulsif. Son comportement ne paraissait pas être lié au contrôle de son diabète. Initialement, la famille de Dylan a hésité à essayer un traitement pharmacologique, préférant traiter son TDAH à l’aide de compléments alimentaires et de modifications du comportement. À l’âge de 9 ans, en raison de difficultés croissantes et d’exclusions répétées de son établissement scolaire, sa mère a accepté d’essayer un médicament stimulant. Afin d’obtenir un effet prolongé pendant la journée, un traitement par du méthylphénidate à libération prolongée a été instauré pour Dylan. À raison d’une dose quotidienne de 36 mg, il a fait preuve d’un comportement plus calme, d’une meilleure concentration et d’un fonctionnement amélioré. En revanche, cela a perturbé son sommeil et son appétit, entraînant une perte de poids et une détérioration du contrôle de son diabète, avec notamment la survenue d’épisodes hypoglycémiques.
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Évaluation des symptômes et des attentes du traitement pharmacologique : médecins contre parents Helmut Niederhofer, Ulrike Ancker, Gerhard Broer, Norma Dehne, Dirk Drexler, Salih Filiz, Izzet T Kahraman, Uwe Koenemann- Nunold, Christoph Kretzschmar, Nicolaus Lingens, Marcelo Mora- Marfetan, Mani Sina and Beate Mueller pp 17-19 Le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est l’une des questions les plus controversées et les plus d’actualité de la recherche médicale. L’étiologie et la physiopathologie du TDAH ne sont généralement pas élucidées. Les critères de diagnostic font toujours l’objets de débats, et les deux séries de recommandations (à savoir la Classification Statistique Internationale des Maladies et des Problèmes de Santé Connexesde l’OMS [ICD-10] et la dernière édition du Manuel Statistique et Diagnostique des Troubles Mentaux [DSM-IV]) proposent des définitions différentes du TDAH. Néanmoins, comme le trouble obsessif-compulsif et les troubles du développement, le TDAH est l’un des troubles neurocomportementaux les plus fréquemment traités chez les enfants. Il est considéré comme un trouble chronique du développement qui peut persister à l’âge adulte. La plus grande difficulté posée par le diagnostic du TDAH est que les opinions à propos d’un comportement inapproprié, ou à propos de la fréquence d’apparition de ce comportement nécessaire pour refléter une anomalie, sont subjectives et sujettes à des biais. Il est donc de bon sens de n’instaurer le traitement pharmacologique que lorsque les symptômes sont jugés sévères par divers évaluateurs (à savoir, les parents, les enseignants, les médecins, et/ou l’enfant lui-même). Cet article porte sur une enquête évaluant la concordance entre les opinions à propos des insuffisances comportementales et ce que les médecins et les parents d’enfants sous traitement pharmacologique pour leur TDAH attendent du traitement par le méthylphénidate.
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L’ajustement de la posologie dans le TDAH : le point de vue de l’Espagne José A Alda, Marta Ubiñana, Eduardo Serrano, Adriana Fuste and Jon Izaguirre pp 20-23 La majorité des recommandations disponibles pour le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) en Espagne provenaient de la littérature anglo-saxonne et n’étaient pas très bien adaptées à la réalité de notre environnement social et sanitaire. Ces recommandations étaient en désaccord quant aux instruments qui doivent être utilisés pour évaluer les enfants chez qui l’on soupçonne un TDAH. Les critères à utiliser pour diagnostiquer ce trouble étaient également sujets à controverse. Ces difficultés relatives à la détection, à l’évaluation, au processus et à la méthodologie de diagnostic du TDAH ont donné lieu à des différences considérables (géographiques et démographiques) ; à leur tour, celles-ci ont conduit à sous et sur-diagnostiquer cette affection. En 2010, une équipe de professionnels de santé espagnols, des experts en la matière qui exercent en Espagne et qui connaissent bien les particularités de notre système de santé, a développé une orientation de pratique clinique (OPC) sur le TDAH chez les enfants et les adolescents. Cette OPC fait partie d’un programme de développement de lignes directrices en matière de pratique clinique fondées sur des données probantes pour l’ensemble du système de santé national espagnol. Notre OPC, qui a été développée systématiquement en vue d’aider les professionnels de santé et les soignants dans leurs interventions lors de la prise en charge de ces patients, et de faciliter les processus décisionnels en vue d’administrer les traitements les plus appropriés, comble cette lacune, et apporte des recommandations qui s’appuient sur les données scientifiques les plus fiables disponibles à ce jour. Il s’agit de la première OPC sur le TDAH chez les enfants et les adolescents à être élaborée en Espagne à l’aide de cette méthodologie.
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